Les si n’aiment pas les rais

par Christine Ouindans Conjugaison, Temps et modes

« Ah ben mon vieux, si j’aurais su, j’aurais pas venu », pleurniche Petit Gibus dans La Guerre des boutons, un charmant film adapté d’un roman français et sorti dans les années 1960. Cette réplique est devenue rapidement mythique pour toute une génération. Sa renommée tient à l’irrésistible mimique du petit garçon quand il la marmonne, flambant nu ; ses ennemis jurés, les enfants du village voisin, ont arraché tous les boutons qui attachaient ses vêtements.

Mais la notoriété de cette citation découle surtout des deux magistrales fautes de conjugaison qu’elle contient à elle seule : le mauvais emploi du conditionnel dans le premier verbe et l’erreur d’auxiliaire dans le second. Je ne mentionne pas l’omission du « ne », dont l’absence quasi généralisée dans les dialogues des enfants fait force de loi.

La phrase correcte est bien sûr : « …si j’avais su, je ne serais pas venu. »  La leçon de Petit Gibus n’a malheureusement pas traversé le temps. …

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Doit-on dire il a tombé ou il est tombé?

par Chantal Contantdans Conjugaison

Il existe deux auxiliaires de conjugaison en français : avoir et être. Exemples : J’ai couru, je suis arrivé.

Les verbes français se conjuguent majoritairement avec l’auxiliaire avoir. Ainsi, au passé composé, on dit il a chanté, il a vécu, il a souri… Il en est de même aux autres temps composés (plus-que-parfait, futur antérieur, etc.) : il avait chanté, il aura chanté, il aurait chanté, qu’il ait chanté…

Cependant, une vingtaine de verbes exigent d’être conjugués avec être dans les temps composés. C’est très peu, quand on sait que le Bescherelle contient des milliers de verbes, mais il faut bien les connaitre. La liste de ces verbes comprend notamment aller, arriver, devenir, revenir, décéder, naitre : on dit il est allé et non *il a allé; …

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La correspondance des temps en trois scénarios

par Stéphanie Tétreaultdans Conjugaison, Temps et modes

Étant réviseure linguistique depuis une douzaine d’années, j’ai constaté qu’il y avait une difficulté récurrente chez les apprentis auteurs : la concordance ou correspondance des temps. Dans un roman, un des défis majeurs est en effet de bien faire concorder ses verbes. Et ici, je ne parle pas de savoir comment conjuguer ni accorder tel ou tel verbe, mais bien de savoir quel temps de verbe privilégier. Appelons ce concept le système verbal du récit. Par exemple, j’ai souvent eu à réviser des récits entamés au présent de l’indicatif pour la trame narrative présente du récit (l’action). Après quelques chapitres, oups… l’auteur a décidé d’y aller avec le passé simple. (Ou vice versa, car l’auteur réalise qu’il ne maîtrise pas bien le passé simple, un temps de verbe qu’on n’utilise jamais à l’oral.)

Ensuite, qu’advient-il lorsque l’auteur veut écrire une description ou un sentiment? Il doit souvent changer de temps de verbe, par exemple utiliser l’imparfait ou le passé composé. …

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