L’art de rédiger une offre d’emploi

par Delphine Naumdans Anglicismes, Vocabulaire

—  J’ai besoin de ton aide !

Jean adore quand Marie-Laure, la plus charmante de ses collègues, vient ainsi le « déranger » dans son bureau (oui, il y a des guillemets, et parfois aussi des points et des virgules dans les pensées de Jean). Comme d’habitude, Marie-Laure tient entre ses mains l’offre d’emploi d’un client illettré. Jean interprète les visites de la jeune femme comme un prétexte, une façon détournée de lui signifier qu’elle a besoin de lui.

— C’était pour hier. Peux-tu me faire ça rapidement ?

Jean acquiesce avec sang froid. Viennent ensuite les mots jouissifs que Marie-Laure prononce toujours à la perfection :

— Merci, Jean. Tu es mon sauveur !

Il n’en faut pas plus pour galvaniser l’âme guerrière de Jean, qui s’empresse de sortir son stylo rouge pour contrer, une erreur à la fois, le massacre de sa langue chérie. …

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Un calque répandu : adresser un problème

par Jean-Jacques Pelletierdans Anglicismes

En français, adresser est un verbe transitif qui signifie qu’on envoie quelque chose au domicile de quelqu’un. On peut aussi l’employer dans le sens de « dire » : adresser des reproches, ou s’adresser à quelqu’un. Dans son livre Questions d’écriture, l’auteur Jean-Jacques Pelletier s’intéresse à l’usage d’un calque hélas trop répandu : adresser un problème.

― En général, je n’ai guère de sympathie pour les inquisiteurs de la langue. Cela dit, il y a quand même des erreurs qui me font dresser le poil, comme cette habitude grossière, répandue dans le monde des affaires et de l’administration publique, « d’adresser » des problèmes… « J’ai adressé ce sujet la semaine dernière… je vais adresser cette question à la fin de ma conférence »… Je me retiens souvent de demander à qui et dans quel type d’enveloppe ils vont l’adresser ! …

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La conversation téléphonique

par Delphine Naumdans Anglicismes, Vocabulaire

Cet après-midi, Jean Termin doit s’acquitter d’une tâche qui le rend nerveux : subir une conversation téléphonique. Il s’inquiète pour ses délicates oreilles, qui souffrent quotidiennement du massacre chronique de la langue parlée en milieu de travail.

Il prend son courage à deux mains, décroche le combiné, compose le numéro de téléphone et attend en souhaitant que tout se passe bien. Un homme répond :

— Mirliton communications, veuillez garder la ligne…

Une douce mélodie prend le relais de la voix pour signaler que l’appel est mis en attente. Jean fulmine. La musique cesse pour laisser place à la voix de l’employé générateur de fautes.

— Merci d’avoir patienté. Comment puis-je vous aider ?

— Comment m’aider ? Je vais vous le dire : en cessant de convier les  gens à garder la ligne ! En français, on demandera plutôt de rester en  ligne. On pourrait aussi dire ceci : « Un moment, …

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