Écrit-on il ruisselle ou il ruissèle? On dénivellera ou on dénivèlera? J’épelle ou j’épèle? Il nous harcelle ou il nous harcèle? Elle brevette ou elle brevète? Il feuillette ou il feuillète? Les deux formes sont admises de nos jours, et la seconde forme (avec accent grave) est celle qui est recommandée par le Conseil supérieur de la langue française. Le Bescherelle offre donc les deux formes dans ses tableaux de conjugaison, évidemment!

Quoi? L’orthographe évolue? Oui, assurément, mais de façon lente et sans bouleverser toutes nos habitudes d’écriture. Des ajustements logiques sont officialisés environ deux fois par siècle, pour des raisons de cohérence et pour éliminer certaines exceptions inutiles.

Ainsi, des rectifications sages et limitées ont été apportées à l’orthographe du français en 1990 : des mots connaissent maintenant une nouvelle orthographe, plus régulière. Vous en avez peut-être entendu parler. Par exemple, on peut écrire boursoufler ou boursouffler (comme souffler); bûcher ou bucher (comme trébucher); il plaît ou il plait (comme il fait); asseoir ou assoir (comme je m’assois); elle cédera ou elle cèdera (comme elle cède). Les ministères de l’Éducation dans la francophonie acceptent les nouvelles formes puisqu’elles sont officielles et en vigueur.

Les grands correcteurs informatiques (comme celui de Word ou d’Antidote) reconnaissent maintenant les deux orthographes : l’orthographe traditionnelle d’avant 1990, et l’orthographe rectifiée. Le Petit Larousse a été mis à jour pour intégrer l’orthographe moderne recommandée. Le Bescherelle L’art de conjuguer tient compte aussi de la nouvelle orthographe dans son index alphabétique (liste des verbes du français) et dans les tableaux de conjugaison lorsque certaines conjugaisons sont touchées.

Prenons l’exemple des verbes en -eler et en -eter. Vous savez que l’on écrit avec un accent grave les formes je gèle, j’achète (verbes geler et acheter). Rien n’a changé de ce côté. Voyez l’incohérence suivante : avant 1990, on écrivait je pèle une pomme, mais j’épelle un mot. Tu achèteras une enveloppe, mais tu cachetteras une enveloppe. Traditionnellement, il fallait apprendre par cœur la liste des verbes qui prenaient un accent grave et de ceux qui s’écrivaient avec un double l ou un double t. Aujourd’hui, on peut écrire de façon cohérente je pèle, j’épèle, tu achèteras, tu cachèteras.

Qu’en est-il des verbes renouveler et épousseter, par exemple? Eh bien, on peut les écrire aussi avec accent grave : je renouvèlerai mon contrat, nous époussèterons les meubles. Un truc simple : il suffit de les conjuguer comme lever. Je lève je renouvèle. Il lèvera il renouvèlera. Nous levons nous renouvelons. Elles levaient elles renouvelaient.

Y a-t-il des exceptions? Oui, mais elles sont peu nombreuses. La liste à mémoriser est très courte : appeler, interpeler, jeter et leurs composés ne prennent jamais l’accent grave, mais le double l ou t devant e muet, comme autrefois : j’appelle, il interpellerait, on jette, elle projettera, ils rejetteront… Leur conjugaison reste inchangée : un double l ou t devant e, sinon un simple l ou t (ex. : nous appelons, je jetais, en rejetant…).

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