Dans les phrases interrogatives où le pronom IL, ELLE ou ON est inversé et relié au verbe par un trait d’union, pourquoi doit-on écrire REVIENDRA-T-IL avec un T intercalé entre deux traits d’union, mais REVIENT-IL sans T supplémentaire?
Le principe est le suivant : si le verbe se termine déjà par T, il est inutile d’ajouter un T supplémentaire. On écrit : COURRAIT-IL? PART-ELLE? DEVRAIT-IL? DOIT-ON? etc. On relie simplement le pronom inversé à l’aide d’un trait d’union.
Par contre, si le verbe se termine par E ou A, la règle demande qu’on intercale un T entre le verbe et le pronom, et qu’on relie le tout par deux traits d’union (pas d’apostrophe!). Notons que les pronoms IL, ELLE et ON commencent tous par une voyelle. Le T intercalé permet d’éviter que la voyelle E ou A qui termine le verbe rencontre la voyelle qui est au début de pronom : MARCHE-T-ELLE? CRIE-T-IL? CHANTE-T-ON? IRA-T-ELLE? Y A-T-IL? POURRA-T-ON? Le Bescherelle explique que la forme verbale se modifie par euphonie, c’est-à-dire pour une harmonie des sons.
Qu’arrive-t-il avec les verbes qui se terminent par C à la 3e personne du singulier (VAINCRE et CONVAINCRE)? La règle demande d’intercaler un T pour faire entendre l’habituelle prononciation « -T-IL », « -T-ELLE » et « -T-ON » que l’on retrouve avec les autres verbes. On écrira donc : CONVAINC-T-IL? CONVAINC-T-ELLE? VAINC-T-ON?
Qu’arrive-t-il maintenant lorsque la conjugaison du verbe se termine par D? On écrira sans T la conjugaison interrogative : VEND-ON [qui rime avec « vantons »], RÉPOND-ON? [qui rime avec « ponton »], DÉFEND-IL [qui rime avec « infantile »], PREND-ELLE? [qui rime avec « dentelle »].
Mais comment expliquer cette prononciation « T » alors qu’il y a un D à la fin du verbe? Le fait de prononcer « T » la lettre D dans la liaison est un phénomène naturel en français : lorsqu’on écrit QUAND EST-CE QUE…, on entend « kan-tès-que… »; de même, la séquence UN GRAND AMI rime avec « tamis ». La raison réside dans la façon dont on place la bouche et la langue pour prononcer « T » et « D » : elle est identique. Seule la vibration ou non des cordes vocales fera une différence. Quand on cesse de faire vibrer les cordes vocales, le son « D » devient le son « T ». C’est ce qui se produit à la fin du verbe dans ce contexte de conjugaison interrogative. Le T intercalé serait donc inutile dans cette position : on ne le met pas.
Chantal Contant, linguiste