«Mamie, mon bus est coincé dans le trafic, merci d’amener maintenant Adrien à l’aréna, je lui apporte là-bas son sac d’équipement.»
Eugène s’interrompt, le doigt en l’air, avant d’envoyer son texto. « Et si c’était le contraire ? » grommelle-t-il pour lui-même. Sa belle-mère est une enseignante de français à la retraite très à cheval sur l’utilisation correcte de la langue. Elle ne manque jamais de le reprendre quand il commet une faute, ce qui a le don de l’irriter prodigieusement. Fébrile, le papa en retard inverse les verbes :
«Mamie, mon bus est coincé dans le trafic, merci d’apporter maintenant Adrien à l’aréna, je lui amène là-bas son sac d’équipement.»
La réponse vient sans tarder :
«Bravo, Eugène ! Le sac a des pieds et Adrien n’a pas de mains :-)…»
Eugène est consterné ; il s’est encore trompé ! Il pourrait se consoler en considérant que cette erreur est largement partagée…
Pour contourner le problème, il aurait aussi pu se montrer plus astucieux en écrivant :
«Mamie, mon bus est coincé dans le trafic, merci d’accompagner maintenant Adrien à l’aréna, je le rejoins avec son sac d’équipement.»
Il aurait ainsi évité les écueils ! Cependant, il pourrait faire mieux encore en assimilant la règle suivante, qui est fort simple, même si elle est trop peu souvent appliquée :
On amène un être animé qui peut se déplacer sur ses pieds, ses pattes, ses roues (une personne, un animal, une voiture, un vélo) : le verbe amener contient le mot mener, qui signifie « prendre par la main ».
On apporte un objet inanimé : le verbe apporter contient le mot porter, ce qui signifie que la chose déplacée ne peut pas se mouvoir seule.