Connaissez-vous l’erreur de syntaxe que l’on appelle l’anacoluthe?
Selon le dictionnaire d’Antidote, une anacoluthe est « une discontinuité, une rupture dans la syntaxe d’une phrase. La phrase *Parvenus au sommet, une surprise attend les alpinistes contient une anacoluthe. »
Voici la règle qui doit être respectée : quand une phrase commence par un adjectif (ou un participe passé), ce mot doit être relation avec le noyau du groupe nominal sujet. Dans l’exemple d’Antidote cité plus haut, une surprise constitue le groupe nominal sujet. Or, ce n’est pas la surprise qui est parvenue au sommet, mais bien les alpinistes. Il faudrait conséquemment reformuler la phrase ainsi :
Parvenus au sommet, les alpinistes découvrent (ou reçoivent) une surprise.
Antidote nous informe que, du point de vue étymologique, le mot anacoluthe est un emprunt au latin tardif anacoluthon, signifiant « absence de suite », lui-même provenant du grec ancien anakolouthos, signifiant « inconséquent ».
Une suite logique, c’est-à-dire un lien conséquent, est requis entre le qualificatif (ou le participe) qui est en début de phrase et la personne (ou la chose) à laquelle le sujet fait référence.
Voyons d’autres exemples de phrases fautives qui contiennent ce type d’anacoluthe (de discontinuité, de rupture) :
*Assis près du quai, la lune éclairait les campeurs.
*Malade depuis cinq jours, le médecin prescrit des antibiotiques à Véronique.
*Très talentueux, ma mère aime ce chanteur populaire.
Ce n’est pas la lune qui était assise près du quai, mais les campeurs! Ce n’est pas le médecin qui est malade, ni ma mère qui est très talentueuse. Il faut donc reformuler :
Assis près du quai, les campeurs étaient éclairés par la lune.
Malade depuis cinq jours, Véronique se fait prescrire des antibiotiques par le médecin.
Très talentueux, ce chanteur populaire est aimé de ma mère.
La même règle de cohérence avec le sujet s’applique aux phrases dont le début contient un verbe à l’infinitif ou au participe présent. Les phrases suivantes posent donc un problème d’anacoluthe, car la règle n’est pas respectée :
*Pour prouver leur amour à Émilie, un billet de théâtre lui a été offert par ses enfants.
*Travaillant à 6 heures du matin depuis un mois, le sommeil de Jocelyn commence à être troublé.
*En espérant recevoir bientôt une réponse positive de votre part, veuillez agréer, Madame, mes meilleures salutations.
Puisque ce sont ses enfants qui prouvent leur amour, que c’est Jocelyn qui travaille et que c’est moi qui espère recevoir une réponse, une formulation syntaxique adéquate sans anacoluthe serait :
Pour prouver leur amour à Émilie, ses enfants lui ont offert un billet de théâtre.
Travaillant à 6 heures du matin depuis un mois, Jocelyn commence à éprouver des troubles de sommeil.
En espérant recevoir bientôt une réponse positive de votre part, je vous prie d’agréer, Madame, mes meilleures salutations.
Lorsque vous rédigez, portez attention à cette règle dans vos écrits afin de ne pas créer d’anacoluthe, de discontinuité dans la syntaxe de vos phrases.