Des verbes de toutes les espèces

Lorsqu’on feuillette L’Art de conjuguer, il est frappant d’y trouver de nombreux verbes dérivés de noms d’animaux. Ces verbes illustrent de vils comportements humains que l’on attribue, souvent à tort, à nos compagnons à poils et à plumes.

Des mammifères pas toujours beaux…

Le verbe avachir, qui vient de « vache », désigne l’action de se ramollir, de se déformer sous l’effet du temps. On dit aussi d’une femme de mauvaise vie qu’elle est une vache, une poule ou une morue. Lorsqu’on bichonne une personne, c’est pour lui faire une beauté, comme on le ferait avec un petit chien d’appartement. Au contraire, si on cochonne un travail ou un lieu, c’est qu’on le bâcle ou on le salit.

… et quelquefois stupides

Quand quelqu’un cherche ses mots ou balbutie, on dira qu’il ânonne. On traitera d’âne un individu qui agit stupidement. Si une personne en imite une autre avec maladresse ou exagération, on lui reprochera de singer.

Crimes et délits

Si l’on souhaite pigeonner quelqu’un, c’est pour l’utiliser, le piéger. Mais gare à ceux qui mouchardent, c’est-à-dire qui jouent les espions.

Frivoles

Avec l’été qui arrive, on observera notre belle jeunesse lézarder sur les plages et dans les parcs, ce qui signifie que tout ce beau monde sera étendu paresseusement au soleil. D’autres se contenteront de papillonner, autrement dit se déplacer d’un endroit à un autre sans pouvoir choisir où se poser. Les garçons vont seriner les filles, donc les importuner en leur tenant des propos ennuyeux. Et plusieurs d’entre elles vont jacasser jusqu’aux petites heures du matin.

En consultant les ouvrages de référence, on constate que les verbes dérivés de noms d’animaux servent à décrire les défauts des humains, qui peuvent être laids, malpropres, stupides ou frivoles. Au lieu de transmettre cet héritage souvent péjoratif, essayons de recourir à d’autres verbes. Il n’est jamais trop tard pour enrichir son vocabulaire !