Reflet d’une société en constante évolution, la féminisation lexicale est bien présente dans nos écrits contemporains. Certains termes féminins inexistants ou peu employés il n’y a pas si longtemps ont fait leur chemin et sont désormais intégrés dans notre vocabulaire; d’autres laissent voir un usage flottant que le temps se chargera de fixer.
La norme
En français, l’alternance en genre permet de nommer les femmes et les hommes dans divers rôles ou fonctions. Nous verrons ci-dessous certains principes de base et quelques cas particuliers.
Des principes de base
Les noms épicènes ont la même forme pour les deux genres (seul le déterminant varie pour indiquer le genre) :
Masculin Féminin
biologiste biologiste
libraire libraire
Pour les autres types de finales, l’alternance en genre se présente ainsi :
- noms en -é:
député députée
employé employée
- noms en -l :
général générale
Le l double pour les noms en -el :
industriel industrielle
- noms en -n:
artisan artisane
écrivain écrivaine
Le n double pour les noms en -en et en -on :
doyen doyenne
patron patronne
- noms en -er :
conseiller conseillère
infirmier infirmière
- noms en -eur formés à partir du participe présent du verbe (-ant) :
employeur employeuse
graveur graveuse
- noms en -teur issus d’une famille de noms sans finale en -tion, -ture, -torat :
arpenteur arpenteuse
chanteur chanteuse
- noms en -teur issus d’une famille de noms avec finale en -tion, -ture, -torat :
administrateur administratrice
lecteur lectrice
Quelques cas particuliers
Pour certains termes, l’usage a privilégié une forme légèrement différente de la forme attendue selon la norme grammaticale :
ingénieur ingénieure
professeur professeure
Parfois, l’usage hésite encore quant au féminin à employer :
annonceur annonceuse ou annonceure
auteur autrice ou auteure
chef chef ou cheffe
chercheur chercheuse ou chercheure
Les autorités linguistiques
Au Québec, les noms au féminin font partie de l’usage quotidien et illustrent ainsi sa position avant-gardiste dans le domaine. Une forte demande en ce sens a amené l’Office québécois de la langue française à faire paraître des avis sur le sujet dès la fin des années 70 (www.oqlf.gouv.qc.ca). Plusieurs organismes ont aussi publié des guides en la matière. De nos jours, la féminisation lexicale y est toujours vivante : si l’on note parfois une hésitation devant le choix d’un terme, on ne remet pas en cause la pertinence d’employer un terme au féminin pour désigner une femme.
La Belgique et la Suisse se sont également prononcées en faveur des titres au féminin en y consacrant des guides.
En France, l’Académie française a mis beaucoup de temps à reconnaître la pertinence de la féminisation des titres. Malgré des tentatives sporadiques à cet égard, il aura fallu attendre le 28 février 2019 pour que l’Académie lui ouvre réellement la porte (academie-francaise.fr/).
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Une fois la féminisation lexicale implantée, comment doit-on procéder pour l’intégrer dans les textes? À lire dans notre prochain billet.