L’adverbe et la préposition possèdent de nombreux points communs, dont celui d’être toujours invariables. Un certain nombre de mots peuvent du reste occuper indifféremment le rôle de l’un ou de l’autre : c’est le cas, par exemple, de «après», «avant», «avec», «contre», «sans», etc. La nature du mot est alors définie par sa fonction dans la phrase :

  • S’il introduit un complément, c’est une préposition, puisque la fonction de la préposition est d’établir une relation syntaxique entre deux éléments, ce qui signifie qu’elle est obligatoirement suivie d’un autre mot. Exemple : Les enfants jouent avec le chien.
  • S’il n’est pas suivi d’un complément mais en revanche nuance un verbe, alors c’est un adverbe. Exemple : Les enfants ont donné une balle au chien qui joue avec.

L’emploi de la préposition comme adverbe est particulièrement courant dans le langage familier et/ou oral, mais il n’est pas toujours accepté dans la langue soutenue. En effet, la langue littéraire, plutôt que d’utiliser adverbialement la préposition, préfère ajouter un pronom régime. Jules Renard écrit ainsi dans son Journal : « La société protectrice des animaux vient de m’adresser un chien loulou. Déjà les enfants jouent avec lui. » Madame de Sévigné nous en offre un autre bel exemple dans une de ses fameuses lettres : « Je vous conjure […] de ne point prendre de chocolat, je suis fâchée contre lui personnellement. »

Il faudrait donc éviter, si l’on souhaite utiliser un langage soigné, de laisser la préposition sans complément. Ainsi, par exemple, au lieu d’écrire : « Il entretient les locaux, car il est payé pour », on préférera : « Il entretient les locaux car il est payé pour le faire. » Ou encore, à la place de « Je porte toujours un masque, je ne veux pas sortir sans », on devrait choisir : « Je porte toujours un masque, je ne veux pas sortir sans lui (ou sans cette protection). »

Toutefois, l’emploi adverbial de la préposition est tout à fait accepté dans certaines locutions. C’est le cas, par exemple de « courir après ». « Nous nous courons après comme des chevaux de bois », écrit ainsi Jean-Paul Sartre dans Huis clos.

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