Le mot « aucun » peut être employé en tant que déterminant indéfini, adjectif indéfini ou pronom indéfini.

1) Aucun, déterminant indéfini

Le déterminant « aucun », qui signifie « pas un », est quantitatif et négatif. Il s’emploie avant un nom dont on ne précise pas l’identité et dont la quantité est nulle.

  • Il varie toujours en genre :

Aucun(e) client(e) ne sera admis(e) s’il (si elle) ne porte pas de masque.

  • Il demeure le plus souvent au singulier comme le verbe qui s’y rapporte. Le tout premier vers de de la fable de Jean de la Fontaine intitulée « Les deux Aventuriers et le Talisman » nous l’illustre :

Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire.

  • Toutefois, « aucun » s’accorde au pluriel:
  • Si le nom auquel il se rapporte est toujours utilisé au pluriel ; le verbe qui suit se conjugue aussi au pluriel.

Aucunes fiançailles n’ont été célébrées.

Aucuns frais ne vous seront facturés.

  • Quand on veut marquer l’idée de répétition ou d’opposition. Alphonse de Lamartine l’emploie de la sorte dans une de ses lettres à Mademoiselle Canonge :

Je n’irai à aucunes eaux désormais, ni à Aix, ni à Vichy

  • Lorsqu’il y a plusieurs sujets déterminés par « aucun », le verbe s’accorde généralement au singulier:

Aucun symptôme, aucune fièvre ne me fera annuler mon voyage.

Cependant, l’accord du verbe au pluriel est admis, ainsi que le fait Stendhal dans Le Rouge et le Noir :

Aucun regret, aucun reproche ne vinrent gâter cette nuit.

  • Aucun, adjectif indéfini

Quand « aucun » est utilisé avec « sans », il prend la valeur d’adjectif et peut se placer après le nom qu’il qualifie afin d’insister sur l’idée d’absence :

Sans réserve aucune, déclare ainsi Gros-René dans Sganarelle ou Le cocu imaginaire de Molière.

  • Aucun, pronom indéfini

En tant que pronom, « aucun » désigne des personnes ou des choses au caractère imprécis et dont l’idée est exprimée avant ou après lui, ou simplement sous-entendue.

  • Il est le plus souvent employé dans un contexte négatif. Il s’accorde en genre, mais demeure au singulier.

Voltaire s’en sert de cette façon dans la tragédie intitulée La Mort de César :

Aucun ne me soutient au bord de cet abîme,

Aucun ne m’encourage ou ne m’arrache au crime.

Flaubert nous fournit un autre exemple dans L’Éducation sentimentale, quand Mme Arnoux s’exclame :

Aucune n’a jamais été aimée comme moi !

  • Il est parfois employé de façon positive, souvent après une phrase principale négative, pour exprimer le doute :

Je ne pense pas qu’aucun de ses amis puisse venir.

  • Le pluriel « D’aucuns » qui signifie « quelques-uns » est également utilisé dans des phrases positives, mais la tournure est vieillie.
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