Hier, Jean Termin ne s’est pas présenté au travail à cause d’une migraine. Durant son absence avait lieu une réunion du conseil d’administration. On a donc confié la tâche de rédiger le procès-verbal de la rencontre à Marco, un petit nouveau. La qualité linguistique de ce document inquiète Jean. Il demande à en obtenir une copie pour, prétend-il, se tenir « au courant des dossiers importants ».
Il passe d’abord en revue les points à l’ordre du jour : « Ouverture de la réunion », « Adoption de l’ordre du jour »… Franchement, il ne trouve rien à redire; ce procès-verbal commence dans la perfection. Jean se dit qu’il faudra aller en féliciter le rédacteur. « J’ai enfin trouvé mon alter ego », songe-t-il avant de lire la suite du texte. « Adoption et suivi du procès-verbal de la dernière réunion », « Départ de Martin Vinet », « Varia »… Devant ce dernier mot, Jean rugit et regrette d’avoir surestimé ce Marco. Si celui-ci tient à agir comme secrétaire de réunion, il lui faut savoir que « varia » n’est pas correct et qu’il doit impérativement être remplacé par « divers », « autres questions » ou des expressions semblables.
Jean Termin reprend sa lecture : « Il est proposé d’adopter l’ordre du jour. Proposé par Martin Vinet. Secondé par Muriel Labelle. » Ça ne passe pas ; Jean Termin s’étouffe en imaginant Marco en train de rédiger le procès-verbal à sa place. On ne peut pas écrire des choses pareilles. En français, on ne seconde pas une proposition, on l’appuie!
Les fautes s’accumulent à mesure que la lecture progresse. Marco vient de se faire un ennemi sans le savoir… Jean arrive au point « Départ de Martin Vinet ». Il est déjà exténué. Il lit quand même, sans espoir : « Martin Vinet annonce que, pour des raisons personnelles, il ne siégera plus sur le conseil d’administration. » Une larme de rage perle à la paupière droite de notre réviseur sans pardon. « Satanés anglicismes! Pauvre sur, préposition si malmenée qu’on se demande pourquoi elle n’a pas encore démissionné de la langue française », se lamente Jean Termin. Il ajoute : « Marco, petit blanc-bec de la langue, tu sauras qu’on ne siège pas sur un comité, mais À UN COMITÉ! Ne t’avise plus jamais de prendre ma place à la table de travail. Il y a un secrétaire ici et c’est moi! Si je t’y reprends, tu mériteras encore une bonne correction. »
Les trois erreurs à ne pas faire dans un procès-verbal :
Le terme varia n’est pas correct. Il faut plutôt utiliser divers.
En français, on ne seconde pas une proposition, on l’appuie.
On ne siège pas sur un comité, mais à un comité.