On hésite souvent dans l’emploi ou non du trait d’union dans l’écriture des mots. Voici quelques principes.
La soudure
Beaucoup de mots sont construits avec des préfixes ou éléments savants : contresigner, s’entredéchirer, coauteur, défaire, préaviser, reconstruire, réembaucher, extraconjugal, infrarouge, intramusculaire, ultraléger, supraventriculaire, s’autoévaluer, anticorruption, minijupe, électromagnétique, hydroélectricité, microanalyse, musculosquelettique, pseudomembrane, socioculturel, etc.
Que remarquez-vous dans leur orthographe? Ces mots ne prennent pas de trait d’union. En effet, le préfixe (dé-, pré-, re-, anti-…) ou l’élément savant (électro-, hydro-, musculo-, socio-…) est soudé avec ce qui le suit, pour ne former qu’un seul mot.
Cette règle générale, recommandée par le Conseil supérieur de la langue française, nous permet de ne plus hésiter sur l’orthographe de milliers de mots. Doit-on écrire extra-fin ou extrafin? Écrit-on entr’apercevoir ou entrapercevoir? Devrait-on choisir socio-économique ou socioéconomique? C’est la seconde forme qui doit être privilégiée et que les dictionnaires attestent majoritairement.
Tous ces mots sans trait d’union sont considérés comme des mots simples, alors les noms et les adjectifs reçoivent un singulier et un pluriel réguliers :
un antivol, des antivols;
une crème antiride, des crèmes antirides.
L’orthographe a évolué. Avant 1990, on trouvait dans les dictionnaires les noms de nuages avec un trait d’union, comme cirro-stratus, cumulo-nimbus, strato-cumulus. Dans les années 2000, on trouvait parfois deux orthographes possibles pour ces mêmes mots. Aujourd’hui, tous les dictionnaires les écrivent d’une seule façon, c’est-à-dire de façon soudée, sans le trait d’union : cirrostratus, cumulonimbus, stratocumulus. Les usages changent et l’emploi de la soudure devient de plus en plus systématique dans les mots construits avec des éléments savants.
Le trait d’union maintenu
Oui, le trait d’union a disparu, mais pas dans tous les mots! On continue d’écrire avec un trait d’union un rendez-vous, un chasse-neige, un hors-la-loi, un pince-sans-rire, un coupe-œuf, etc., puisque ce sont des mots formés avec des verbes, des noms, des pronoms, des déterminants… La règle dont il est question ici touche les mots qui sont construits avec des préfixes et des éléments savants (qui sont des « morceaux de mots » et non des mots autonomes).
Il existe quelques exceptions justifiées concernant la soudure avec le préfixe ou l’élément savant. Si celui-ci se termine par la lettre a ou o, on maintient le trait d’union devant i et u pour éviter les combinaisons ai, au, oi et ou, qui engendreraient un nouveau son. Par exemple, on conserve le trait d’union dans extra-institutionnel, intra-utérin, micro-irrigation, bio-informatique, hospitalo-universitaire ou co-usager, pour éviter une erreur de prononciation lors de la lecture du mot. C’est logique!
On conserve également le trait d’union avec les préfixes suivants : demi-, mi-, quasi-, semi-, ex-, vice-, sous-, non-. Exemples : demi-heure, mi-janvier, la quasi-certitude, ex-conjoint, vice-président, sous-alimenter, la non-certitude.
Finalement, lorsque le trait d’union sert à marquer une relation de coordination entre deux termes désignant des noms propres ou géographiques, on conserve ce trait d’union pour bien indiquer l’égalité des deux termes : franco-allemand, gréco-latin, anglo-russe, israélo-palestinien.