Oyez! Oyez!

Saviez-vous que cette expression signifie « Écoutez! Écoutez! » et qu’elle est la conjugaison à l’impératif du verbe ouïr? Certains verbes de la langue française sont devenus désuets; leur emploi est donc rare ou littéraire. Oyez! servait de formule d’appel, d’adresse.

Le participe passé de ce vieux verbe ouïr est ouï. Il signifie « entendu » dans la phrase suivante :

Nous avons ouï dire que votre tante assisterait à la cérémonie des épousailles.

Voyons d’autres exemples. Vous connaissez les verbes asseoir et rasseoir. On les écrit assoir et rassoir en nouvelle orthographe et on peut les conjuguer de deux façons particulières (au choix!) : il s’assoit ou s’assied, nous nous assoyons ou asseyons à l’indicatif présent; il s’assoira ou s’assiéra au futur simple. Il existe, dans cette famille, des verbes plus rares : surseoir, ainsi que seoir et son contraire messeoir. On les écrit sursoir, soir et messoir en orthographe rectifiée. Ces verbes sont de moins en moins employés, mais on les rencontre dans ces contextes :

– Le juge sursoit à l’application de cette décision (il la remet à plus tard).

Remarquez le participe passé et le nom correspondant connu : sursis.

– Ce vêtement lui sied (= lui va) à merveille!

Notez le participe présent et l’adjectif correspondant connu : seyant.

– Ce rôle lui messied (= ne lui convient pas).

Les vieux verbes choir (« tomber »), déchoir (« s’abaisser, décliner ») et échoir (« arriver à échéance ») sont également des verbes désuets. Le verbe choir s’écrivait autrefois cheoir, tout comme le verbe voir s’écrivait autrefois veoir. Le futur simple de ce dernier était et est toujours il verra, et, par similitude, le futur simple de cheoir était il cherra. Aujourd’hui, on peut dire il choira. Dans le conte Le Petit Chaperon rouge de Charles Perrault (1697), on trouve l’ancienne conjugaison :

Tire la chevillette, la bobinette cherra.

Les verbes déchoir et échoir ont comme participe passé et adjectif correspondant déchu et échu.

Le verbe gésir (« être couché ») est un autre exemple de verbe rare et désuet. Les débris gisent sur le sol.

Le cadavre gît (ou git) sur son lit.

On en voit une trace dans l’inscription funéraire ci-gît, que l’on écrit ci-git en orthographe rectifiée. Ce vieux verbe gésir est défectif, et il n’est pas le seul à avoir des trous dans sa conjugaison. Il en est de même de clore, de malfaire, de quérir (qui ne s’utilise qu’à l’infinitif et signifie « chercher »), etc.

Le verbe désuet apparoir ne se comprend plus que dans son emploi à la 3e personne du singulier de l’indicatif présent :

Il appert (= est évident) que cette preuve sera utile à mon avocat.

Le verbe sourdre sort aussi de l’usage moderne. Il ne s’emploie qu’à l’infinitif et aux troisièmes personnes de l’indicatif, au sens de « sortir du sol » :

Deux fontaines sourdaient au bord du sentier.

Le verbe issir ne connait plus que son participe passé : issu.

Des verbes tendent donc à disparaitre.

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