Définition

Le temps composé d’un verbe est formé avec l’auxiliaire être ou avoir, conjugué à un temps simple : par exemple, le passé composé du verbe dire est : j’ai dit.

Le temps surcomposé est un temps dans lequel le verbe est conjugué avec un double auxiliaire : on ajoute un auxiliaire de plus à un temps déjà composé. Autrement dit, au lieu de laisser l’auxiliaire à un temps simple, on le conjugue au temps composé correspondant.

Conjugaison

Pour le verbe dire, cela donne :

Au passé surcomposé : j’ai eu dit

Au plus-que-parfait surcomposé : j’avais eu dit

Au passé antérieur surcomposé : j’eus eu dit

Au futur antérieur surcomposé : j’aurai eu dit

Au conditionnel passé surcomposé : j’aurais eu dit

Au subjonctif passé surcomposé : que j’aie eu dit

À l’infinitif passé surcomposé : avoir eu dit

Mode d’emploi

On emploie un temps surcomposé lorsque l’on mentionne un fait ayant eu lieu immédiatement avant celui dont au parle au temps composé correspondant.

Ainsi Diderot, dans Le Neveu de Rameau, fait dire à ce fameux neveu : « Cependant la barbe me venait ; et quand elle a été venue, je l’ai fait raser. »

Comme on le constate avec cet exemple, le temps surcomposé marque le « bisantérieur », c’est-à-dire un fait antérieur à un autre, lui-même précédant déjà un autre fait qui s’exprime par le temps composé correspondant. Le temps surcomposé apporte ainsi une nuance d’accompli, d’achevé. Il est donc le plus souvent utilisé dans une phrase subordonnée, alors que le verbe de la phrase principale est à un temps composé et il suit généralement une conjonction impliquant une idée de rapidité ou de temps : quand, lorsque, dès que, aussitôt que, après que, une fois que, à peine, vite, bientôt, etc.

Par exemple, dans Le discours de la méthode, René Descartes écrit : Sitôt que j’ai eu acquis quelques notions générales touchant la physique […], j’ai remarqué jusqu’où elles pouvaient conduire. » Et Alphonse Daudet, à son tour, raconte, dans Robert Helmont : « Ce petit vin nouveau, fait de raisins noirs, serrés et aigres, a eu vite grisé tous ces buveurs de bière. » Quant à Marcel Proust, il nous offre un exemple de plus-que-parfait surcomposé dans Le côté de Guermantes : « Pourtant ces reflets évanouis, à peine l’avais eu-je quittée qu’ils s’étaient reformés… ».

Remarques

  • À noter que seul le deuxième participe passé s’accorde, le premier (eu) reste invariable.
  • Les temps surcomposés s’emploient également dans la forme passive. On peut dire, par exemple : « Quand il a eu été nommé, le public l’a applaudi chaleureusement. »

Conclusion

Du reste, les temps surcomposés, fréquemment employés par les gens de lettres jusqu’au XVIIIe siècle, ont perdu leur vitalité aujourd’hui. On a tendance maintenant à les considérer lourds, peu élégants, ou même à les catégoriser comme des régionalismes. Ils sont peu, voire pas du tout mentionnés dans les ouvrages de grammaire destinés aux écoliers. Pourtant, ils s’utilisent encore dans la langue parlée, et s’inscrivent même dans la mémoire populaire, comme le fameux « Ç’a eu payé, mais ça ne paie plus » de l’humoriste français Fernand Raynaud.

Partager cet article