À la fin d’une longue journée qui se termine dans les bouchons, Eugène a envoyé le texto suivant:

«Mamie, mon bus est coincé dans le trafic, merci d’apporter maintenant Adrien à l’aréna, je lui amène là-bas son sac d’équipement.»

Il aurait encore pu se montrer cancre d’une autre façon, pour ne pas manquer de faire sortir sa belle-mère de ses gonds. En effet, il aurait pu écrire :

«Mamie, mon bus est coincé dans le trafic, merci d’emmener maintenant Adrien à l’aréna, je lui emporte là-bas son sac d’équipement.»

Il aurait alors commis des erreurs différentes des précédentes, mais tout aussi fréquentes.

Ici, nous avons affaire à une question de préfixes : le préfixe a- met l’accent sur le lieu d’arrivée et suppose que l’on y dépose celui ou celle que l’on déplace. Ainsi, on amène son enfant à la garderie pour l’y laisser aux bons soins du personnel de garde, comme on amène sa voiture au garage pour y faire effectuer des réparations.

Alors que le préfixe em- met plutôt l’accent sur le lieu de départ et contient l’idée que l’on s’éloigne de cet endroit en compagnie de la personne, pour rester avec elle. Ainsi, on emmène son enfant au bord de la mer (et on se fait bronzer pendant qu’il joue dans l’eau), comme on emmène son chien en promenade dans la forêt.

De la même façon, le verbe apporter signifie que l’on porte un objet d’un lieu à un autre pour l’y déposer : on apporte un dossier à son patron (et on le laisse sur son bureau). Tandis que le verbe emporter indique que l’on s’éloigne d’un lieu avec un objet que l’on conserve : on emporte son parapluie un jour où il pleut, l’élève emporte son sac d’école pour aller en classe, le voyageur emporte des valises bien garnies lors d’un long périple.

Attention ! La construction pronominale s’amener  que l’on entend à tout bout de champ (Amène-toi, le souper est sur la table) n’est pas correcte et devrait être exclusivement réservée au langage familier.

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