Un adjectif composé est formé de plusieurs mots, deux le plus souvent, unis généralement par un trait d’union. L’accord de ces mots dépend de leur nature et de la relation entre eux.

  1. S’il s’agit de deux adjectifs qualifiant tous les deux le nom, les deux adjectifs s’accordent avec le nom: une écolière sourde-muette, des saveurs aigres-douces, des enfants premiers-nés.
  • Les exceptions:  Naturellement, il y en a !
  • Si le premier adjectif se termine par la voyelle o ou i, il reste invariable : des pièces tragi-comiques, les étudiants anglo-saxons, la vendeuse franco-ontarienne, les sacro-saintes coutumes de Noël, des méthodes audio-visuelles.
  • Lorsque l’adjectif composé est dérivé d’un mot lui-même composé, alors le premier adjectif reste invariable. Cela concerne des expressions telles que : les traditions extrême-orientales, les avions long-courriers ou encore les théories libre-échangistes, les associations franc-maçonnes.
  1. Si le premier mot de l’adjectif composé est un mot invariable (un adverbe, une préposition, un préfixe), il le demeure, bien entendu, et ne s’accorde pas : l’avant-dernière ligne, les clauses sous-entendues, une maison nord-américaine, les lois ultra-conservatrices, une épouse bien-aimée.
  2. Si le premier mot de l’adjectif composé joue un rôle d’adverbe envers le deuxième, alors il ne s’accorde pas non plus.

C’est en particulier le cas des adjectifs « nouveau », « court », « haut », « fin », « mort ». On écrit ainsi : des jumelles nouveau-nées, des voisines nouveau-venues, des intervenants haut placés, des valises fin prêtes, des chefs-d’œuvre mort-nés.

Jean de La Fontaine nous offre une illustration pertinente de l’emploi adverbial de « court », dans la fable « La laitière et le pot au lait ». Il écrit : Légère et court vêtue, elle allait à grand pas…

C’est également le cas des adjectifs « grand », « frais » et « large », qui restent parfois   invariables quand ils sont employés en tant qu’adverbes nuançant un autre adjectif. Voici quelques exemples empruntés à des auteurs renommés.

  • Lorsque Anatole France décrit la statue de sainte Gibbosine, dans Les sept femmes de la Barbe-Bleue et autre contes merveilleux:  « Ses yeux d’émail grand-ouverts sur sa face d’or… »
  • Quand Colette se confie dans son ultime ouvrage, Le fanal bleu, et raconte : « Les magasins où toute denrée semble frais-pondue… »
  • Et voyons Alphonse Daudet, admirant une Égyptienne, dans Sapho, son roman d’apprentissage où un jeune Provençal découvre Paris et l’amour : « Ses yeux gris large ouverts… »
  • Une exception :
  • Dans l’adjectif « tout-puissant », « tout » varie au féminin seulement : des démons tout-puissants, des idées toutes-puissantes.
  1. L’accord des adjectifs composés de couleur, également complexe, a fait l’objet d’un billet précédent.

 

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