Depuis vingt ans, on parle de grammaire moderne, de « nouvelle » grammaire, d’enseignement renouvelé de la grammaire. Pourquoi?

Les règles n’ont pourtant pas changé : les verbes et les adjectifs se soumettent toujours aux règles d’accord. Un verbe (chante) reste un verbe, un nom (refrain) reste un nom, un attribut du sujet (elle est grande) est toujours un attribut du sujet.

C’est plutôt la façon d’aborder la grammaire qui a changé : on présente la langue comme un système fonctionnant avec des régularités.

Au lieu d’envisager la phrase comme une succession de mots, on y voit une construction faite de regroupements. Une phrase (P) est constituée d’un groupe nominal (GN) ayant la fonction grammaticale sujet de la phrase suivi d’un groupe verbal (GV) ayant la fonction prédicat de la phrase.

Cette équation P = GN + GV est puissante : presque toutes les phrases peuvent s’analyser par l’identification d’un GN sujet et d’un GV prédicat. On peut valider des énoncés en les confrontant à ce modèle. On explique toute structure qui s’écarte du modèle de la phrase de base comme étant le résultat d’une transformation.

Prenons la P de base Nous partons.

→ L’interrogative Partons-nous? est construite par déplacement du sujet.

→ L’impérative Partons est une P transformée par effacement du sujet.

En grammaire moderne, les manipulations syntaxiques (remplacement, déplacement, encadrement…) deviennent un moyen privilégié pour repérer le sujet (essentiel à l’accord du verbe) ou encore pour identifier le complément direct. Les questions (qui? qui est-ce qui? quoi?) de la grammaire traditionnelle ne sont plus recommandées.

Voici une généralité du système : « Le groupe sujet se remplace par il(s) ou elle(s), et s’encadre par c’est… qui. »

Preuve : La sœur de Romain chante ce refrain. Elle chante ce refrain. C’est la sœur de Romain qui chante ce refrain.

Quelques termes changent :

→ la fonction épithète (une grande maison) est devenue la fonction complément du nom, terme beaucoup plus clair;

→ le complément d’agent dans les phrases de forme passive (le refrain est chanté par la sœur de Romain) s’appelle le complément d’un verbe passif;

→ le sujet réel dans les phases de forme impersonnelle (il arrivera des choses incroyables) se nomme le complément d’un verbe impersonnel;

→ le complément d’objet direct (COD) est devenu simplement le complément direct (CD);

→ les adjectifs possessifs (sa maison) sont renommés des déterminants possessifs, ce qui permet d’énoncer une généralité du système du français : « Les mots pouvant remplacer le, la ou les devant un nom font partie de la classe des déterminants ». Exemple : le tapis → mon (ou leur/ce/plusieurs/trois/beaucoup de/…) tapis.

L’enseignement moderne s’intéresse également à la grammaire du texte : la reprise pronominale, les organisateurs textuels (cependant, donc, ainsi, en effet) servant à lier les phrases entre elles de façon logique, etc.

Pour découvrir de façon pratique ce renouveau grammatical, procurez-vous La grammaire moderne en exercices.

Évitez de confondre grammaire moderne et orthographe moderne. Cette dernière concerne les rectifications apportées à l’orthographe de certains mots.

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